Page:Adrienne Durville, Carnet de guerre 1914-1918 n°1.pdf/22

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Nous devions aller dîner aux Anges ; comme le thé, le dîner est supprimé ; je compte les pulsations pendant que Mme des L. et une religieuse prennent les températures ; cela nous mène jusqu’à 8 heures, et nous pouvons dîner.

10 heures. C’est mon tour de veiller ; j’aurais préféré le faire avec nos blessés d’hier, plutôt qu’avec les nouveaux arrivés qui vont très probablement passer une mauvaise nuit.

Comme on les a mis dans la salle Pasteur qui ouvre sur l’antichambre ; c’est là que je m’installe pour la nuit ; Horreur ! une chauve-souris, attirée par la lumière entre et tournoie sur ma tête ; Mme des L. qui écrit à côté de moi, m’aide à faire la chasse et nous finissons par la faire passer dans la cuisine où nous l’enfermons.

Les nouvelles de ce soir étaient très bonnes ; un corps d’armée allemande a été coupé en deux ; un des tronçons sommé de se rendre, a refusé, et on se prépare à l’écraser. Nous avons entendu le canon une partie de la journée. Les pertes allemandes sont effroyables, paraît-il. Les Alsaciens qui sont dans les rangs allemands se rendent prisonniers sans combattre, et une fois arrivés ici, demandent à s’engager dans nos troupes.

Je continue à mettre de côté les numéros de l’Alsace ; mais comme je les reprête à mes soldats, je crains bien de ne jamais avoir la collection complète.