Page:Affaire des déportés de la Martinique, 1824.djvu/14

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préfets coloniaux, dont l’impuissance a été plusieurs fois proclamée par nos Rois ; mais d’un corps vraiment représentatif, tirant sa force de son élection, stipulant les droits du peuple, et renouvelé tous les quatre ans.

Le bienfait de ces institutions protectrices était attendu avec d’autant plus d’impatience dans nos colonies, que le mélange toujours croissant des castes, y a produit des germes de dissensions que les préjugés et les prétentions excessives des blancs tendent incessamment à accroître, et que l’abolition graduelle et désormais assurée de l’esclavage, appelle dans la classe des hommes libres de couleur, un grand nombre de citoyens. Le temps est venu, pour les blancs qui forment une classe a part et privilégiée, et qui seuls jouissent des droits civils et politiques, de partager enfin les avantages sociaux avec ceux qui supportent comme eux toutes les charges publiques.

On peut le dire hautement, parce que c’est une vérité généralement sentie : si nos colonies ne sont pas montées au degré de prospérité auquel elles sont appelées par la marche progressive des choses dans le Nouveau-Monde ; si même elles sont tombées dans un état de souffrance et de pauvreté reconnues par les hommes de toutes les opinions ; si elles sont une charge pour la métropole[1] ; c’est que la législation y a été stationnaire ou pour mieux dire rétrograde.

Les institutions qui les gouvernent, bien loin de protéger l’industrie et d’aider au développement des facultés morales et intellectuelles de la population de ces contrées, tendent au contraire à les comprimer.

Cette erreur est d’autant plus grave, elle est d’autant plus fâcheuse, que de toutes parts sur le conti-

  1. La Martinique, au lieu de grossir le trésor royal, lui coûte chaque année plus d’un million. Il en est de même des autres colonies, à l’exception, dit-on, des établissemens de l’Inde.