Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/113

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partie supérieure et dans leur partie inférieure, nous aurons à lutter contre des préjugés bien étranges et d’autant plus difficiles à déraciner, qu’ils paraissent fondés sur la raison et se font forts d’une logique serrée, pour repousser des faits dont la réalité est cependant incontestable.

C’est un fait connu de tous les habitans des Alpes, que le glacier ne souffre aucun corps étranger dans son intérieur, et qu’il repousse à la surface toutes les pierres qui tombent dans son intérieur. De quelque pitié que cet énoncé simple et vulgaire d’un grand phénomène ait été accueilli par les physiciens vers la fin du siècle dernier, le fait en lui-même n’en est pas moins vrai. Tous ceux qui ont examiné de près les glaciers, savent que jamais on ne remarque aucune pierre ni aucun corps étranger dans la tranche terminale, ni dans (je dis dans et non pas entre) les parois souvent très-profondes des crevasses[1]. Mais si l’on remonte un glacier jusqu’à sa partie supérieure, il arrive un moment où l’on voit les moraines s’enfoncer insensiblement et bientôt disparaître sous la masse du glacier à mesure que la glace devient moins consistante et plus grumeleuse. Cette disparition n’a

  1. Pour la première fois depuis que je parcours les glaciers, j’ai observé cette année (1840) au glacier supérieur de Grindelwald un caillou engagé dans la glace compacte ; mais j’ai pu également me convaincre qu’il y avait été introduit par une crevasse qui s’était complètement refermée en cet endroit.