Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/114

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rien qui puisse étonner, lorsqu’on veut bien tenir compte de la structure diverse du glacier aux différentes hauteurs, telle que nous l’avons décrite au Chap. 3. Il est inutile de rappeler que les blocs ne peuvent s’enfoncer que dans le névé ; ceux qui tombent sur le glacier proprement dit restent à sa surface, ou s’ils disparaissent, ce n’est que lorsqu’ils tombent dans les crevasses.

Dans sa partie supérieure, là où il est encore à l’état de névé, le glacier n’a pas assez de consistance pour maintenir les débris des rochers à sa surface ; ceux-ci s’enfoncent par conséquent dans cette glace incohérente et grumeleuse. Cependant la masse entière du glacier chemine dans le sens de sa pente et donne ainsi de plus en plus prise à l’action dissolvante des agens atmosphériques et de la chaleur du soleil. L’eau qui résulte de la fonte de la partie superficielle s’infiltre dans la masse, et lorsqu’elle rencontre un bloc dans l’intérieur du névé, elle coule le long de ses flancs et imbibe la masse environnante. Lorsque survient ensuite le froid de la nuit, cette eau qui vient de s’infiltrer dans la masse grumeleuse du névé se congèle et par-là même se dilate. Il en résulte une pression qui s’exerce contre le bloc en question et le force à faire place à cette glace naissante. Le bloc s’élève ainsi vers la surface, grâce à la résistance moins considérable des couches supérieures incohérentes et grumeleuses, comparée à la résistance des