Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/119

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des bords vers le milieu de la vallée, on est forcé d’admettre, en même temps, que la glace y chemine plus vite que sur les bords : si cela était, il faudrait que les crevasses, qui se forment transversalement, fussent plus inclinées vers le milieu du glacier que vers les bords. Or c’est tout le contraire qui a lieu. Les crevasses, ainsi que nous l’avons vu plus haut, sont généralement en forme de segment d’arc, ayant leurs extrémités dirigées vers le bas du glacier. Dans l’hypothèse de Saussure, il faudrait de plus que chaque hiver donnât lieu à une nouvelle moraine médiane, et que toutes fussent dirigées obliquement du dehors en dedans ; or je n’ai rien vu de semblable dans aucun glacier ; elles ont, au contraire, une tendance à se diriger de dedans en dehors, conformément aux lois générales de la marche des glaciers.

Quant aux vides que l’on aperçoit souvent entre le pied de la montagne et le bord du glacier, ils ne prouvent en aucune manière que la glace se porte vers le milieu de la vallée. Ils sont, pour la plupart, le résultat de la fonte opérée par la chaleur que réfléchissent en été les parois de la vallée. Il est vrai que pendant l’hiver ils se remplissent de neige ; mais cette neige contribue rarement à l’accroissement du glacier, dans sa partie inférieure ; elle se dissout au contraire avant d’avoir eu le temps de se transformer en glace ; et l’on comprend en effet que si les parois de la vallée facilitent si fort la fonte du glacier dont la masse est