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tombe comme une neige fine et sèche (trocknes Schneestöbern[1]). C’est aussi à-peu-près sous cette forme que je l’ai vu tomber l’année dernière et cette année encore sur le glacier de l’Aar, à une hauteur d’environ 7 500 pieds. On trouve chez les montagnards l’idée assez généralement répandue que sur les hauts névés la neige tombe à l’état grenu. Sans vouloir nier le fait d’une manière absolue, je suis porté à croire que l’on s’est peut-être laissé induire en erreur par la structure grenue des neiges dans les hautes régions, qui, comme nous l’avons vu plus haut (Chap. 3), est l’un des caractères des hauts névés. Deux de mes guides, hommes dignes de confiance, m’ont assuré qu’ils avaient vu tomber de la neige floconneuse à de très-grandes hauteurs, comme dans la plaine.

De Saussure[2] cite, comme un fait remarquable, la fréquence de la grêle ou plutôt du grésil dans les hautes régions. Sur 140 observations qu’il fit de deux heures en deux heures, il en compta une de grêle proprement dite et onze de grésil : or, ce grésil n’est probablement pas autre chose que la neige sèche de M. Hugi. Sur les plus hautes sommités, la chaleur du soleil ne parvient guère qu’à fondre la superficie de cette neige, qui, en se regelant, se recouvre d’une croûte ou d’un vernis assez solide. C’est ce qui a lieu,

  1. Hugi, Naturhistoriche Alpenreise, p. 340.
  2. De Saussure, Voyages dans les Alpes, T. 4, p. 284, § 2075.