Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/158

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les rives près du glacier, de son issue, sont schisteuses[1].

Mais ce qui m’a fourni la preuve la plus incontestable de la marche descendante des glaciers, ce sont les observations que j’eus l’occasion de faire l’année dernière sur le glacier inférieur de l’Aar. Mon intention était de visiter le point de jonction des glaciers du Finsteraar et du Lauteraar, où M. Hugi avait construit une cabane en 1827, pour y passer la nuit. Nous cheminions depuis près de quatre heures sur la grande moraine médiane (voy. Pl. 14), lorsque nous découvrîmes tout-à-coup une cabane très-solidement construite. Nous ne supposions pas que ce pût être

  1. Ces faits démontrent suffisamment que la manière dont M. Godeffroy explique la formation des moraines, en admettant qu’elles sont simplement un ancien terrain détritique tertiaire relevé par le glacier, est non-seulement complètement imaginaire, mais encore qu’elle ne répond en aucune façon aux phénomènes que l’on observe à différentes hauteurs dans le lit de tous les glaciers. Si les choses se passaient comme M. Godeffroy le suppose, l’on ne comprendrait pas pourquoi les glaciers ont encore des moraines de nos jours et pourquoi les hautes vallées ne sont pas depuis long-temps complètement débarrassées de tous leurs dépôts meubles ; et cependant la supposition de l’existence, sous le glacier, d’un terrain détritique tertiaire, dont M. Godeffroy ne signale ni les caractères, ni l’origine, et qui paraît n’être là que pour former les moraines, lorsque le glacier vient à le sillonner, est la cheville-ouvrière de toute sa théorie, comme il l’appelle, la pensée-mère de tout son ouvrage, autour de laquelle sont venues se ranger et se grouper toutes les autres ! Godeffroy, Notice sur les glaciers, p. 87.