Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette année au-dessus de la voûte terminale d’un glacier, gîra l’année prochaine dans la rivière ou se trouvera même refoulé au-delà.

Une autre preuve en faveur de la marche des glaciers se tire de la nature même des blocs qui constituent les moraines : ces blocs étant pour la plupart d’une roche complètement différente de celle qui forme les parois du glacier dans sa partie inférieure, il est impossible qu’ils s’en soient détachés ; il faut par conséquent qu’ils viennent d’ailleurs. Or, si l’on poursuit la moraine en amont du glacier, à l’effet de connaître son origine, l’on finira infailliblement par arriver à l’endroit où la roche qui composait les parois dans le bas, fait place à des roches de même nature que la moraine, et qui évidemment en ont fourni les matériaux. Je pourrais citer à ce sujet une foule de glauciers où les choses se passent de cette manière ; c’est ainsi que le glacier de Rosenlaui qui, à son issue, est encaissé entre des parois d’un calcaire noir, charrie une quantité de blocs de granit, provenant des crêtes voisines du Wetterhorn. Le glacier de Zmutt, dans la vallée de St-Nicolas, a sa moraine gauche composée d’un très-beau gabbro, tandis que ses berges sont serpentineuses dans toute la partie inférieure de son cours. La moraine du glacier de Zermatt, qui longe les parois serpentineuses du Riffelhorn, est complètement granitique. Il en est de même du glacier des Bois, dont les moraines sont granitiques, tandis que