Personne n’a étudié les glaciers sur une plus grande échelle que l’illustre de Saussure. Il a examiné à-peu-près tous les glaciers de la Suisse ; il a visité les mers de glace du Mont-Blanc, du Mont-Rose et de l’Oberland bernois : son zèle infatigable pour l’histoire naturelle des Alpes lui fit découvrir le chemin de leurs plus hautes sommités à une époque où les vallées inférieures même, si fréquentées de nos jours, paraissaient à peine accessibles aux habitans des villes. Le grand nombre de faits qu’il a recueillis dans ses courses forme encore de nos jours le corps d’étude le plus complet que nous possédions sur les glaciers[1] ; car il n’est pas un seul de leurs phénomènes qui lui ait échappé. Mais trop confiant dans les assertions de Gruner, il lui emprunta plusieurs idées que je crois erronées, surtout celles qui concernent le mouvement des glaciers.
De Saussure est le premier qui ait cherché à fixer l’épaisseur des glaciers : il l’a trouvée communément de 80 à 100 pieds dans le glacier des Bois. Il explique l’origine des glaciers de la même manière que Scheuchzer et Simler ; il insiste, comme eux, sur la différence qui existe entre les neiges qui couvrent les hautes sommités et les glaciers proprement dits. Quant aux causes qui limitent l’accroissement des
- ↑ Voyage dans les Alpes, par H. B. de Saussure, 4 vol. in-4o, Neuchâtel, 1803.