Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/170

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cier du Weisshorn se détacha. Deux autres chutes, l’une en 1736, et l’autre en 1786, furent moins désastreuses et n’envahirent pas le même endroit.

« Cette fois, ce n’est qu’une petite partie du glacier qui s’est détachée, et l’on ne comprend pas comment le reste peut encore se maintenir, étant privé de l’appui que lui offrait la partie éboulée. À l’aide d’une longue vue, on y distingue de très-grandes crevasses qui déjà, avant la chute, avaient été observées avec épouvante par plusieurs chasseurs de chamois ; la partie qui vient de s’ébouler était, m’a-t-on assuré, séparée du reste de la masse par une crevasse semblable. Il n’est donc que trop à craindre que le glacier ne se maintienne pas long-temps sur cette pente abrupte, et qu’une nouvelle chute ne vienne consommer la ruine du village de Randa. »

Pour peu que l’on veuille avoir égard aux circonstances qui déterminent ces chutes de glaciers, on se convaincra qu’au lieu de faire naître l’idée d’un glissement, elles peuvent, au contraire, servir d’argument contre cette manière de voir. En effet, tous les glaciers qui sont sujets à des chutes considérables sont généralement très-inclinés dans leur partie inférieure. Il y en a dont l’inclinaison dépasse 30 et même 40° ; celle du glacier de Randa, entre autres, m’a paru être de plus de 30°. Or, comment se fait-il que ces glaciers se maintiennent sur une pente semblable ? car il est certain que de la glace qui ne serait pas adhérente au