sol devrait glisser sur une pente bien moins forte. On m’objectera peut-être que s’ils ne tombent pas, c’est parce qu’ils sont adhérens à la masse qui est derrière ; qu’ils ne tombent qu’autant qu’un accident quelconque vient à les en détacher. Mais il est à remarquer que dans ces endroits inclinés le glacier est ordinairement tellement crevassé, que l’adhérence entre la partie terminale et les masses qui sont derrière ne peut être que très-faible. D’ailleurs nous avons vu que M. Venetz observa d’immenses crevasses dans le glacier de Randa immédiatement après sa chute, ce qui lui fit craindre un nouvel éboulement qui n’a pas encore eu lieu ; d’où je conclus que si, malgré cette solution de continuité et par une pente aussi roide, l’extrémité du glacier ne s’est pas détachée depuis vingt ans, c’est parce qu’elle adhère au sol. Or, une pareille adhérence exclut de prime-abord toute idée d’un glissement ; et si malgré cela un glacier vient à s’ébouler, ce ne peut être que lorsque le poids des masses gisant sur un plan incliné l’emporte sur leur adhérence avec le fond. Mais comment se fait-il, me demandera-t-on, que tout en adhérant au sol sur lequel il repose, le glacier soit susceptible d’avancer ? C’est ce que je vais essayer de démontrer.
Nous avons vu au Chap. III, en traitant de la structure des glaciers, que leur glace n’a point la texture continue de la glace ordinaire. Dans la partie supérieure des vallées alpines, c’est en quelque sorte une