Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/24

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me bornerai seulement à dire que c’est la grande diversité d’opinions qui existe entre les géologues sur le mode de leur transport, qui m’a engagé à étudier les glaciers. J’avoue que j’ajoutais bien peu de foi aux assertions de M. de Charpentier, si brièvement développées dans les notices qu’il a publiées. La théorie des courans, alors généralement admise, me paraissait expliquer bien plus simplement le phénomène ; je me flattais même qu’en allant attaquer M. de Charpentier sur son terrain, je le ramènerais peut-être de ses idées qui me paraissaient extravagantes. C’est ce qui me décida en 1836 à aller à Bex, où je passai cinq mois consécutifs, pendant lesquels je m’occupai presque exclusivement de l’étude des glaciers et des phénomènes qui s’y rattachent. Je ne dirai pas comment mes idées sur le transport des blocs se changèrent complètement à la vue des faits si nouveaux pour moi que M. de Charpentier me fit connaître ; je devrais pour cela raconter toutes les excursions si nombreuses que je fis avec lui, et pendant lesquelles il voulut bien me faire voir lui-même tous les points les plus intéressans de la contrée qu’il a si bien étudiée, et dont l’examen l’a conduit à la théorie qu’il a émise. Je dirai seulement que nous visitâmes ensemble les glaciers du col des Diablerets, ceux de la vallée de Chamounix, et les moraines de la grande vallée du Rhône et de ses principales vallées latérales. Pendant mon séjour dans