tout-à-fait semblable se voit autour du sommet de la roche de Saint-Triphon.
Le phénomène si extraordinaire des blocs perchés ne pouvait échapper à l’œil observateur de Saussure. Il en signale plusieurs sur le Salève, dont il décrit la position de la manière suivante : « On voit, dit-il, sur le penchant d’une prairie inclinée, deux de ces grands blocs de granit élevés l’un et l’autre au-dessus de l’herbe, à la hauteur de deux ou trois pieds, par une base de roche calcaire sur laquelle chacun d’eux repose. Cette base est une continuation des bancs horizontaux de la montagne, elle est même liée avec eux par sa face postérieure ; mais elle est coupée à pic sur les autres côtés, et n’est pas plus étendue que le bloc qu’elle porte[1]. » Or, comme la montagne entière est composée du même calcaire que cette base, de Saussure en conclut naturellement qu’il serait absurde de supposer que ce fond se fût élevé précisément et uniquement au-dessous de ces blocs de granit. Mais, d’un autre côté, comme il ignorait la manière dont ces blocs perchés sont déposés de nos jours par les glaciers, il eut recours à une autre explication : il suppose que le rocher s’est abaissé autour de cette base, par l’effet de l’érosion continuelle des eaux et de l’air, tandis que la portion de rocher qui sert de base au granit aurait été protégée par ce dernier. Cette expli-
- ↑ De Saussure, Voyages, Tom. I, p. 141, § 227.