Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sillons des environs du Grimsel, qui, dit-il, s’élèvent à une grande hauteur au-dessus du fond de la vallée : il les attribue, ainsi que le poli des roches, au frottement de blocs qui auraient été entraînés par un courant. Il va même jusqu’à prétendre que, même sans admettre une vitesse exagérée, des masses de pierres du volume des blocs erratiques auraient pu user les parois de ces vallées. Quant à moi, je n’ai jamais pu concevoir un courant qui, dans des régions aussi élevées que le Grimsel[1], se serait élevé à quelques mille pieds au-dessus du fond de la vallée, et qui, à un niveau pareil, aurait tenu en suspension des blocs capables de polir complètement les flancs de toute la vallée. Je ne demanderai pas à M. Mousson quelle a dû être la durée d’un courant capable de produire des effets pareils, mais bien d’où il fait venir les masses d’eau nécessaires à alimenter un pareil torrent ; car nous savons que les grands névés du Lauteraar et du Finsteraar ne sont pas même aussi exhaussés que les plus hautes traces de roches polies. Les plateaux plus élevés qui s’étendent derrière n’occupent, avec les plus hautes cimes, que des espaces relativement très-bornés. Or, pour peu qu’il y ait eu des courans pareils dans plusieurs directions, ce qui, dans cette hypothèse, est de toute rigueur, je n’entrevois pas, à

  1. Le Grimsel est à 5 804 pieds au-dessus de la mer, d’après M. Hugi.