Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/325

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pente conforme à l’inclinaison générale du sol des Alpes au Jura : si c’était du névé, il a dû se transformer en glace par les effets alternatifs du gel et du dégel : plus tard son niveau s’est abaissé graduellement ; puis commença cette longue série de phénomènes de retrait, analogues à ceux que présentent de nos jours certains glaciers : les blocs charriés à la surface de la glace se déposèrent le long du Jura à des niveaux de plus en plus bas, jusqu’à ce que le sol fût à découvert ; alors les êtres organisés commencèrent à reparaître en rapport avec les circonstances locales propres à leur développement.

Aussi long-temps que la grande nappe de glace qui recouvrait l’Europe est restée stationnaire, elle a dû se couvrir de neiges, comme de nos jours les mers de glace qui alimentent nos glaciers ; mais en se retirant dans des limites plus étroites, cette même nappe de glace a déterminé des centres de mouvement en rapport avec les accidens orographiques les plus élevés. C’est ainsi que les Alpes suisses sont devenues le centre du phénomène du transport des blocs erratiques qui sont répandus dans la grande plaine suisse, sur le Jura et dans le nord de l’Italie. L’aspect de la Suisse à l’époque des brouillards d’automne, lorsque les Alpes et les plus hautes sommités du Jura surgissent seules au-dessus des nuages, me semble fait pour donner une idée approximative de son état au commencement du retrait des glaces, lorsque celles-