Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/326

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ci n’atteignaient plus que le niveau du premier gradin au-dessous des hautes sommités de la chaîne antérieure du Jura.

Les moraines proprement dites ne commencèrent à se déposer que du moment que les glaces se furent retirées dans les vallées. La forme et la succession de ces moraines nous prouvent que ce retrait des glaces, loin d’avoir été instantané, s’est, au contraire, opéré d’une manière lente et graduelle ; d’où je conclus que l’époque de la plus grande extension des glaces a dû durer assez long-temps.

Le retrait des glaces dans des limites de plus en plus restreintes, a même occasionné des centres de mouvement dans des chaînes où il n’y plus de glaciers de nos jours : c’est ce que démontrent les observations de MM. Renoir et Hogard sur les roches polies et les moraines des Vosges, et celles que j’ai déjà rapportées concernant la Dent de Vaulion, qui a eu un glacier cerné de blocs complètement jurassiques, sans doute à une époque où les glaces alpines n’atteignaient plus les hautes pentes du Jura.

Les blocs erratiques, qui diffèrent si fort des moraines, dans leur disposition générale, ne sauraient donc en aucune manière être confondus avec ces dernières ; puisqu’ils s’étaient déposés avant la formation des moraines, c’est-à-dire lorsque les glaces occupaient encore toute la plaine suisse.

D’un autre côté, lorsqu’on considère que tous nos