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relief de notre globe. Les recherches de M. Élie de Beaumont nous ont appris que ces révolutions se lient intimement aux changemens biologiques de l’histoire de la terre, puisque toutes les grandes époques géologiques sont comprises entre des phénomènes de soulèvement qui ont accidenté les couches de la terre et accompagné l’apparition et la disparition des espèces d’êtres organisés qui les peuplent. Mais ces soulèvemens ne me paraissent pas avoir été la cause immédiate de l’anéantissement de toutes les créations de plantes et d’animaux qui ont successivement figuré à la surface de la terre. Nous venons de voir qu’au moins la dernière, c’est à dire celle qui précéda immédiatement l’apparition de l’homme, avait été ensevelie dans les glaces avant que la chaîne des Alpes centrales se soulevât, et que le froid qui occasionna ces glaces a dû être instantané pour conserver, comme il l’a fait, les cadavres des éléphans qui habitaient autrefois la Sibérie. On m’a souvent objecté, qu’admettre une époque d’un froid assez intense pour recouvrir toute la terre, à de très-grandes distances des pôles, d’une masse de glace aussi considérable que celle dont nous avons cru reconnaître les traces, c’était se mettre en contradiction directe avec les faits si connus qui démontrent un refroidissement considérable de la terre depuis les temps les plus reculés. Mais rien, à mon avis, ne nous oblige à penser que ce refroidissement a été graduel et con-