tration et de la congélation continuelle de l’eau dans les fissures capillaires.
Lorsque les crevasses pénètrent de part en part, elles peuvent servir à déterminer approximativement l’épaisseur du glacier. J’en ai mesuré à la mer de glace du Montanvert qui avaient jusqu’à 60 et 80 pieds de profondeur. M. Hugi dit en avoir mesuré une au glacier inférieur de l’Aar qui avait 120 pieds de profondeur. Leur largeur est très-variable ; de Saussure dans son voyage au Mont-Blanc en observa une qui avait plus de cent pieds de large et dont on ne voyait le fond nulle part[1]. Je n’en ai jamais vu d’aussi larges ; mais j’en ai rencontré souvent qui avaient vingt et trente pieds. Dans les endroits où le glacier est peu incliné, la plupart des crevasses se laissent enjamber. Lorsque cela ne se peut pas, on est obligé de les contourner ou de les franchir avec des échelles, à moins qu’un pont naturel de neige n’en facilite le passage, ce qui arrive assez souvent.
Les crevasses sont toujours dangereuses, lorsque des neiges récemment tombées en cachent les abords ou lorsque le soleil vient à ramollir les couches supérieures qui ne sont pas encore transformées en glace. En général on ne saurait assez prévenir les voyageurs contre les inconvéniens de la neige durcie,
- ↑ De Saussure. Voyage dans les Alpes. Tom. IV, p. 160.