qui recouvre parfois ces glaciers ; car quelque résistante qu’elle paraisse, il suffit souvent de peu d’heures pour la ramollir complètement. Saussure faillit périr plusieurs fois dans de pareilles circonstances. Voici comment il raconte les dangers qu’il courut au glacier des Pélerins.
« J’entre sur la glace à midi et trois quarts ; la neige qui la couvre, durcie par le froid de la nuit, puis un peu ramollie par le soleil, a justement la consistance qu’on lui désire ; nous rencontrons quelques crevasses, mais nous passons dans leurs intervalles, et en 24 minutes nous arrivons au pied du roc. Après avoir fait en 18 minutes mes observations barométriques, je repars très-satisfait à 1 heure 35 minutes. Pendant cet intervalle le soleil a été très-ardent ; je m’en réjouissais d’abord, parce que je craignais qu’à la descente, ces pentes rapides ne se trouvassent un peu glissantes, lorsque tout-à-coup la neige s’enfonce sous mes deux pieds à la fois : le droit qui était en arrière ne porte plus sur rien, mais le gauche appuie encore un peu sur la pointe et je me trouve moitié assis, moitié à cheval sur la neige. Au même instant, Pierre (l’un des guides), qui me suivait immédiatement, s’enfonce aussi à peu près dans la même attitude, et me crie, au moment même, de la voix la plus forte et la plus impérieuse : ne bougez pas, Monsieur, ne faites pas le moindre mouvement. Je compris que nous étions sur