Pendant le séjour que je viens de faire cette année (1840) sur le glacier inférieur de l’Aar, je vis plusieurs fois, le matin, des crevasses qui s’étaient formées pendant la nuit ; elles avaient plusieurs pouces de large ; l’une d’elle traversa même la moraine à l’endroit où était construite notre cabane, et il en résulta une dislocation d’un demi-pied dans ses parois. En traversant le névé qui recouvre les parois de la Strahleck, nous y avons rencontré de larges crevasses sur des pentes de plus de 30 degrés. La plupart étaient couvertes d’un toit de neige absolument comme celle dont parle de Saussure (voy. plus haut pag. 79) ; aussi plusieurs de nous s’y enfoncèrent-ils jusque sous le bras ; mais comme nous étions attachés les uns aux autres, nous ne courûmes pas de bien grands dangers.
Il est une autre sorte d’ouvertures à la surface des glaciers que l’on confond ordinairement avec les crevasses, quoique elles soient d’une toute autre nature, je veux parler des baignoires, que j’ai déjà signalées plus haut (p. 53), en parlant de l’aspect des glaciers du Mont-Rose. Ce sont des creux de forme généralement elliptique ou arrondie, ayant quelquefois jusqu’à dix et douze pieds de long, sur une largeur de deux et trois pieds. Ils sont formés, comme les entonnoirs dont il a été question plus haut, p. 54, par les petits filets d’eau qui circulent à la surface du glacier, et qui, lorsqu’ils rencontrent un endroit déprimé, s’y accumulent et y déposent les grains de sable qu’ils