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Page:Ageorges - L’enclos de Georges Sand, 1910.djvu/16

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L’ENCLOS DE GEORGE SAND

Nous nous dépitons de ne pas entendre au loin chanter la grave cornemuse des maîtres sonneurs… À côté de nous on est ému, on s’extasie ; on célèbre le culte d’une religion dont nous ignorons les mystères. Nous voudrions être initiés. On nous dit que cela ne se peut, ou qu’il faut obtenir cette grâce des fades qui promènent leurs flambeaux de bois pourri au bord de l’horizon, quand le soir tombe. Nous nous informons du grimoire qu’on doit réciter pour cela… Et, comme la lumière s’écoule au fond du ciel, voici que le sortilège opère… Cette mare verdâtre et moirée qu’on aperçoit entre les roseaux, n’est-ce pas la « Mare au Diable » auprès de laquelle, par son courage à supporter l’épreuve d’une nuit, la petite Marie gagna l’amour ? Ce moulin, dont le toit rouge barre l’horizon, et qui est assis dans une verdure si fraîche, serait-ce le « Moulin d’Angibault », où la philosophie coule de la bouche du meunier aussi abondante que la farine de la trémie ?… Voici des traînes cachées entre les prunelliers… petits chemins verts qui ne mènent à rien… qu’au château du Rêve… Notre voiture s’arrête… Ma parole ! Voilà le village des potiers ! Là, vit en bonne amitié, sous de douces lois, la curieuse confrérie des tourneurs d’argile. C’est plaisir de les regarder travailler, immobiles et graves, exécutant sans trêve au-des-