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Page:Ageorges - L’enclos de Georges Sand, 1910.djvu/17

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L’ENCLOS DE GEORGE SAND

sus de leurs tours — avec une dextérité qui tient de la sorcellerie — des gestes rythmiques qui deviennent, en un clin d’œil, des pots et des urnes. Nous visitons le champ où les chejs-d œuvre sortis de leurs mains sont jetés et entassés pêle-mêle. Le soleil les frappe, les fait resplendir comme des quartz, comme des marcassites et des cornalines… Leur vernis étincelle. Comme il est difficile de les trier, de distinguer leurs défauts ! On voudrait les posséder tous. Ils brillent d’un tel éclat quon oublie leurs tares, qu’on oublie leurs vices ! Ah ! George Sand, ils sont de chez vous !

D’ailleurs, qu’y a-t-il, en ces lieux qui, à quelque degré, ne vous appartienne ? Ce soir, en parcourant la Vallée Noire, je songeais qu’elle est bien véritablement votre jardin et votre enclos. C’est à elle que va le meilleur de votre âme, le meilleur de vos œuvres… Et, pour ne l’avoir pas méconnue, pour avoir aimé son charme et ses fleurs modestes, pour être restée avant tout la « bonne dame » berrichonne, familière et charitable, dont les pauvres gens de Nohant parlent avec des mots de bénédiction, pour cela vous avez mérité de prendre place dans ce vaste et magnifique jardin de la poésie française où toutes les abeilles de Gaule se réunissent en une même ruche, et distillent leur miel doré à la chaude et suave lumière du soleil latin.