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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

à la sonnette, et carillonne de toute la force de son petit poignet, tandis que l’autre s’est emparée du marteau et frappe à coups redoublés. En réponse à ce tapage, plein de charme pour les enfants, un pas lourd résonne dans la cour, quelques aboiements se font entendre, et un vieux domestique ouvre la porte. Les petites filles se précipitent dans la maison, non sans avoir crié chacune de leur côté :

« Bonjour, mon bon Jean, bonjour. Phanor, ne te fâche pas, c’est nous. »

Dans le vestibule, elles se défont des manteaux que leur mère a accumulés sur leurs épaules, elles ôtent leurs caoutchoucs, et, traversant un salon richement meublé, mais silencieux, elles arrivent à une chambre à coucher dans laquelle se tient la personne qu’elles viennent voir.

Cette chambre a dû être luxueuse, mais les tentures fanées par le temps commencent, comme la maîtresse de la maison, à être d’un âge respectable. Un feu clair brille dans la cheminée, et fait danser les ombres sur les panneaux des boiseries et sur les grands tableaux qui ornent la chambre. Il n’y a point encore de lumière. Mme Darwey,