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LA MADONE DE MAILLERAS

servait à compter et à écrire s’était trouvée couverte de figures plus ou moins ressemblantes de personnages et d’animaux. Sans doute ses dessins n’étaient pas entièrement faits suivant les règles de l’art ; mais on pouvait pourtant y distinguer déjà un goût et une sûreté de main d’autant plus rares que ces dispositions n’avaient jamais reçu aucune culture.

Il essayait aussi le portrait de sa sœur, et, pour lui faire plaisir, la pauvre Lizzie était souvent obligée de chercher des poses nouvelles, tandis que l’artiste enfant, son ardoise d’une main et son bâton de craie de l’autre, dessinait gravement et d’un air inspiré la figure rieuse de la complaisante jeune fille. Mais ce que celle-ci apercevait le plus souvent sur l’ardoise ou sur les cahiers de l’enfant, c’était un délicat profil qui ne manquait pas d’une certaine ressemblance avec la jolie petite châtelaine de Pontmay. Jean ne l’oubliait pas, il en parlait même souvent, et si le temps avait fait son œuvre en lui rendant sa gaieté, l’enfant gardait toutefois, on le voyait, un souvenir touchant de la douce et charmante amie qu’il avait perdue.

Quatre ans s’étaient écoulés depuis la