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LA MADONE DE MAILLERAS

« Que fais-tu là, mon petit ami ? lui disait-on.

— J’admire, Monsieur, » dit Jean en se retournant et en voyant à qui il avait affaire.

C’était un peintre en voyage, et il tenait sous son bras un carton et une boîte contenant tout l’attirail qui lui était nécessaire ; il venait reproduire lui aussi, mais avec plus de talent sans doute, l’étang des Roseaux, dont la vue excitait l’admiration de Jean.

Le peintre regarda l’enfant avec étonnement. Le goût du beau est peu développé, à cet âge, à moins qu’on n’ait reçu de Dieu le privilège d’une nature exceptionnelle. Les grands yeux intelligents de Jean soutinrent franchement le regard inquisiteur de l’étranger.

« Ainsi, tu trouves cela joli ?

— Oui, répondit Jean, j’aime cette vue, et je viens quelquefois ici, quand ma sœur me le permet, car c’est un peu éloigné de notre maison.

— Qu’as-tu donc à la main ? » demanda le peintre.

Jean hésitait à montrer ses épreuves incorrectes. Mais l’artiste avait une bonne