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LA MADONE DE MAILLERAS

Jean des airs de supériorité qu’il croyait devoir prendre vis-à-vis d’un enfant qui lui paraissait de beaucoup son inférieur : c’était Maurice de Lesbar, un petit garçon de treize ans, qu’un domestique en grande livrée amenait chaque jour prendre sa leçon chez M. Lannek. Orgueilleux et fier, il se croyait à cent coudées au-dessus du petit artiste de village, et comme plusieurs fois déjà le maître l’avait remis à sa place en lui faisant sentir que Jean était, au contraire, au-dessus de lui par les qualités et l’intelligence, il lui gardait rancune, et cherchait par tous les moyens possibles à molester l’élève favori de M. Lannek. Maurice ne se rendait pas compte que Dieu donne aux uns la richesse ou la noblesse du nom, ce qui est, sans doute, un avantage si on le soutient par les qualités du cœur ; mais qu’il garde pour ses privilégiés la supériorité de l’intelligence, qui, bien dirigée, confère une noblesse préférable à toute autre.

Maurice prenait des leçons depuis deux ans, et Jean, qui n’en recevait que depuis quelques mois, était déjà plus habile que lui. Il est vrai que Maurice jouait beaucoup plus qu’il ne travaillait, et sitôt qu’il voyait