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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

tades, je ne faisais pas grand’chose ; et plus tard il a fallu me mettre en pension pour arriver à me donner une éducation sérieuse.

« Ma mère était presque toujours malade, de sorte qu’elle ne pouvait guère nous surveiller. Pour Ginevra, si heureusement douée sous tous les rapports, cela avait moins d’inconvénients. Mais moi, qui avais une nature impétueuse, j’aurais eu besoin d’un frein sévère ; et, abandonnée presque entièrement à moi-même, je me laissais aller aux emportements de mon caractère, et à dix ans j’étais devenue un véritable petit démon.

« Mon père nous aimait beaucoup. Il ne nous contrariait jamais ; d’ailleurs, il avait peu de temps à lui ; il s’occupait activement de ses propriétés et des intérêts du pays à la tête duquel sa grande fortune l’avait placé. Il était donc rarement avec nous. Ma mère, qui détestait Paris, préférait habiter presque toute l’année la Saulaie. Quand mon père était avec nous à la campagne, il essayait bien quelques représentations sur mon caractère ; mais il y était rarement, et quand il y était, c’était pour si peu de temps,