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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

qu’il n’avait pas le cœur de se montrer très-sévère.

« Je profitais donc de la liberté dont je jouissais, malheureusement pour moi, et, à la plus légère contradiction de la part de qui que ce fût, je me mettais dans des colères horribles. Les domestiques ne pouvaient me rien dire qui ne fût pas absolument de mon goût sans provoquer des scènes qui faisaient craindre parfois pour ma santé. Rarement ma mère me vit en cet état, parce qu’on m’avait dit que cela lui faisait mal, et quand je me sentais en colère je sortais de sa chambre pour pouvoir en toute liberté me laisser aller à mon emportement. Une ou deux fois cependant, elle me fit quelques douces observations ; je promis de prendre sur moi ; mais, comme toi, ma pauvre Gilberte, j’oubliais bien vite ma promesse, et l’instant d’après, s’il se présentait une occasion, je recommençais de plus belle à trépigner et à m’emporter.

« La Saulaie était une magnifique propriété ; le château, placé à mi-côte, dominait une vallée superbe. Derrière la maison, le coteau était couvert de bois, sur lesquels se détachaient les tourelles grises et les