vieux murs sombres de notre chère demeure. Parfois il me semble encore y être. Quand venait le soir, en été, on roulait le grand fauteuil de ma mère auprès de la fenêtre, afin qu’elle pût jouir d’un peu de fraîcheur. Une pelouse immense s’étendait devant le château, et descendait par une pente douce jusqu’à un petit cours d’eau sinueux et bordé de saules qui avaient donné leur nom à la propriété. Au travers du feuillage pâle de ces arbres, le soleil tamisait sa lumière et faisait miroiter l’eau du ruisseau sur le bord duquel, ma sœur et moi, nous allions souvent nous asseoir pour regarder les petits cailloux qui le tapissaient et pour deviser joyeusement sur les mille riens qui nous rendaient heureuses en ce temps-là.
« On montait au château par un perron de quelques marches, et la balustrade en pierres qui le bordait était découpée à jour. Au travers de cette balustrade, les plantes grimpantes de toute espèce s’étaient glissées capricieusement. C’était une magnifique demeure. Les appartements y étaient grands et beaux ; mais, ma mère ne recevant personne à cause de sa santé, ils