mon tour derrière moi ces belles queues de soie et de dentelles qui m’éblouissaient. J’étais trop jeune pour faire aucune réflexion sérieuse. Pourtant, comme nous avions reçu de ma mère d’excellents principes religieux, et que Ginevra, naturellement pieuse, en profitait plus que moi, je me souviens qu’elle me répondit avec un bon sourire :
« — Moi aussi, Marguerite ; mais ces jours-là je voudrais que les pauvres pussent en avoir leur part, et je leur donnerais aussi un festin qui les réjouirait. »
« La salle à manger, brillamment éclairée et ornée de fleurs superbes, acheva de m’éblouir, et, au bout d’une demi-heure, j’étais comme enivrée par la lumière, la chaleur et la gaieté qui se répandait autour de moi. Bien que je fusse trop petite pour en prendre ma part, j’y trouvais du plaisir, et ce bruit et ces élégances réunies agissaient facilement sur ma nature enthousiaste.
« Quand vint le moment du dessert, comme le dîner avait été déjà long et qu’on craignait que nous ne fussions fatiguées, mon père nous fit signe de nous lever pour