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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

debout près de lui, je l’écoutais causer politique avec les messieurs qui l’entouraient. Bien que je n’y comprisse rien, cela me donnait un air de personne sérieuse, et, quoique ordinairement je fusse très-enfant, j’aimais assez à me montrer capable d’écouter sans interrompre les gens raisonnables.

« Lorsqu’on annonça que le dîner était servi, un grand mouvement se fit dans le salon ; peu à peu les invités passèrent, et ma sœur et moi nous nous trouvâmes à la queue.

« — T’amuses-tu ? dis-je à Ginevra, qui souriait et avait oublié sa timidité.

« — Oui, beaucoup, me répondit-elle ; c’est très-joli !

« — Quand je serai grande, repris-je, je donnerai beaucoup de grands dîners où j’inviterai de belles dames comme celles-ci, ajoutai-je en montrant du doigt les dernières traînes qui balayaient le tapis du salon. »

« J’avais admiré les toilettes et la gracieuse élégance de quelques jeunes femmes qui entraient les dernières dans la salle à manger, et, ma vanité d’enfant s’éveillant, j’aurais voulu être grande pour traîner à