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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

beaucoup de mal, ne recommence plus. Si cela continue, je me verrai forcé de te mettre en pension pour lui épargner la vue de tes colères et pour dompter enfin ce caractère dont la violence m’effraie ? »

« L’idée de la pension me saisit ; je ne voulais pas y aller, et je résolus de tout faire pour éviter un pareil malheur, ou du moins, ce qui alors me semblait un malheur. Pendant quelque temps je tins ma promesse, et je prenais tellement sur moi que, dans la maison, on s’étonnait de ce changement et de ma force de caractère.

« Mais, hélas ! mon père partit pour Paris et nous laissa à la Saulaie, où nous devions rester deux mois sans le revoir. Tant qu’il avait été près de moi, ses encouragements et ses conseils m’avaient aidée dans mes bonnes résolutions ; et bien souvent son seul regard, que je comprenais, avait suffi pour arrêter le mouvement impétueux qui allait m’emporter. Mais, une fois parti, j’oubliai bien vite ses recommandations, et au bout de quelques semaines j’avais repris mes habitudes.

« Ma mère se désolait, car on ne pouvait lui cacher toutes mes colères. Elle essayait