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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

et, la prenant dans ses bras, il l’embrassa tendrement, ce qui lui rendit son expression souriante. À moi, il ne me dit rien ; mon émotion était encore trop récente : il voulut attendre qu’elle fût passée, espérant que ses observations produiraient plus d’effet.

« Le lendemain, quand je me réveillai, je me souvins de la scène de la veille. Je pensai d’abord au chagrin de mon père et de ma mère, car j’avais bon cœur et je les aimais beaucoup. Puis les réflexions vinrent, et la honte les suivit ; je pensai à ce qu’avaient dû dire de moi tant de personnes qui avaient été témoins de mon emportement, et je fus bien triste d’avoir été si peu raisonnable. Pour réparer ma faute, je m’en allai dans la chambre de ma mère aussitôt que je fus habillée ; mon père y était ; je leur demandai un pardon qu’on m’accorda encore une fois sur la promesse formelle que je fis de veiller sur moi dorénavant, et de travailler à dompter ces colères auxquelles jusque-là je ne résistais guère.

« — Ma pauvre Marguerite, me dit mon père avec tristesse, quand donc deviendras-tu raisonnable ? Je t’en prie, au nom de ta mère à laquelle de pareilles scènes font