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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

sonne eut, comme par une fatalité, l’idée de s’obstiner à me contrarier. C’était la Providence qui voulait employer envers moi un moyen sévère, mais infaillible, de me corriger. Il faisait un temps splendide ; nous étions en plein printemps, et nous respirions sur le balcon de la chambre de ma mère l’air parfumé par les orangers qu’on venait de sortir pour les placer dans la cour du château. C’était le matin, et le soleil montait lentement à l’horizon en jetant ses rayons obliques sur l’herbe de la pelouse à travers laquelle il faisait scintiller la rosée. Ma mère était encore couchée, et, après lui avoir dit bonjour, nous étions venues ensemble, ma sœur et moi, pour voir s’il faisait beau.

« Tout à coup Ginevra, qui depuis quelque temps montait à cheval sous la surveillance expresse de François, eut envie de faire une promenade. Elle tourna vers moi son joli et pâle visage.

« — Comme il fait beau ! me dit-elle en joignant ses petites mains et en me montrant des yeux le magnifique horizon qui s’étendait devant nous. Si tu voulais, Marguerite, nous demanderions à maman la