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Page:Ages (des) - La grand-mère de Gilberte, suivi de La madone de Mailleras, 1878.djvu/47

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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

lui avait faite pour appeler l’attention sur sa santé. Malgré moi, j’unissais dans ma pensée ce dépérissement de ma sœur et la chute dont j’avais été la cause, et mon caractère, autrefois d’une gaieté folle, avait pris une teinte de tristesse que tout le monde remarquait dans la maison. D’ailleurs, le changement de mon humeur, qui devenait presque aussi douce que celle de Ginevra, était si extraordinaire, que chacun s’en étonnait. Je ne quittais pas un instant ma sœur, et quand elle était fatiguée, nous nous asseyions ensemble dans quelque coin du parc, et j’allais lui cueillir des fleurs dont je lui apportais d’abondantes moissons et qu’elle s’amusait à tresser en guirlandes ou en couronnes.

« — Ginevra, lui dis-je un jour en lui montrant la légère cicatrice qui lui restait au front, souffres-tu encore de là ? »

« Jamais je ne parlais ni à elle ni à d’autres de cet accident, auquel pourtant je pensais presque sans cesse. Elle me regarda avec ses yeux grands ouverts, d’un regard étonné :

« — Jamais, Marguerite ; quelle idée ! Il