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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

Ginevra entra dans sa chambre, dans la soirée, qu’elle avait en courant fait une chute dans laquelle elle s’était écorché le front. Ma sœur, du reste, se leva presque tout de suite quand son évanouissement fut passé, et la pauvre petite reprit ses habitudes. Mais à partir de ce moment-là le médecin la voyait souvent et lui prescrivait sans cesse des remèdes.

« J’étais à jamais corrigée de mes mouvements de colère ; car, chaque fois que je sentais le sang bouillonner en moi par suite d’une contrariété, mon imagination qui avait été si vivement frappée me représentait la scène du perron : ma pauvre petite sœur étendue si pâle et le front saignant ; et j’entendais cette parole de la bonne, parole que je ne pouvais oublier, et dont le souvenir seul me faisait frissonner !

« Ginevra, du reste, languissait de plus en plus. Elle était toujours douce et souriante ; mais sa figure pâlissait encore ; elle maigrissait, et une petite toux sèche revenait maintenant très-souvent. Ces symptômes n’avaient jamais été remarqués, et il avait fallu la visite forcée que le médecin