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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

— Oh ! grand’maman, dit Anne-Marie, que je vous remercie de votre jolie histoire ; je l’aime mieux que tous les contes de la terre, parce qu’elle est vraie, au moins ! »

Anne-Marie, qui avait l’esprit juste naturellement, ne trouvait pas ordinairement un grand plaisir dans les contes dont on amuse les enfants.

« Mais moi, reprit Gilberte, bien que j’aime beaucoup les contes, j’aime mieux encore l’histoire de votre petite sœur Ginevra, qui était si jolie et si bonne. Pourquoi le bon Dieu vous l’a-t-il enlevée ?

— Chère enfant, précisément parce qu’elle était trop bonne.

— Mais alors, grand’maman, je veux être méchante, car je ne veux pas mourir tout de suite.

— Sois tranquille, répondit en souriant Mme Darwey, tu n’es pas encore trop bonne pour rester ici-bas ; tu as bien à travailler avant d’y arriver, et tu peux en toute sécurité te livrer à ce travail. Si Ginevra a été enlevée de la terre dans toute la pureté de son innocence enfantine, c’est que peut-être le séjour prolongé dans cette vie eût, au contraire, terni cette petite âme angé-