toi-même, et peut-être davantage, s’il est meilleur que toi. Tu n’as donc jamais été visiter les pauvres ? demanda la jeune fille qui, dès son bas âge, avait souvent accompagné sa mère ou sa grand’mère dans leurs visites aux malades et aux pauvres des faubourgs.
— Non, jamais, répondit l’enfant avec une petite moue de répulsion ; ils me font peur.
— J’y suis allée bien souvent, moi, dit Gilberte ; et je t’assure que je n’en ai pas peur. Au contraire, je suis très-heureuse quand maman ou ma grand’mère leur donnent quelque chose et qu’ils sont bien contents. Cela fait plaisir. Ainsi, demain, nous irons voir la mère de Petit-Pierre ; elle est malade, et elle n’a absolument rien pour se soigner, ni même pour se nourrir.
— Mais comment fait-elle pour manger ? demanda Armelle, qui ne connaissait pas la misère.
— Ils se sont bien souvent couchés sans souper, l’hiver dernier, répondit Gilberte.
— Ce n’est pas possible, insista la petite.
— Mais si, Armelle, je t’assure ; quand la pauvre femme était trop malade pour pou-