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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

voir travailler, il n’y avait alors pas de pain à la maison ; la mère et le petit étaient bien obligés de se coucher sans manger. »

Armelle s’arrêta, et, regardant sa cousine avec ses grands yeux bruns dans lesquels il y avait des larmes :

« Veux-tu que j’aille avec toi, demain, voir la mère de Petit-Pierre ? dit-elle.

— Je veux bien, répondit Gilberte ; nous nous y rendrons avec ma grand’mère, et, si ta mère le permet, tu viendras avec nous. »

Armelle, le soir, demanda à sa mère la permission d’accompagner ses cousines ; puis elle lui parla tout bas, et elle serra dans son petit porte-monnaie une pièce d’or que sa mère avait accordée à sa prière.

Quant à Edmond, il fut maussade toute la soirée et devint si ennuyeux que sa mère, de guerre lasse, l’envoya coucher plus tôt qu’à l’ordinaire.

Le lendemain, dans l’après-midi, Mme Darwey, qui ne sortait guère que pour visiter ses pauvres, vint chercher ses deux petites-filles, auxquelles se joignit Armelle, qui avait obtenu la permission de sa mère. Elle sortit toute joyeuse, laissant son frère contrarié de s’amuser seul, mais refusant d’ac-