Lizzie habitait seule avec son père et son frère dans une maisonnette assez coquette, aux environs du petit village de Mailleras, situé sur les bords de la Gartempe, dans cette partie du Poitou qui confine au Berry. La maison ouvrait sur la route qui va du Blanc à Montmorillon, une vieille petite ville qui, comme toutes les autres villes de la province, perd peu à peu son cachet ancien en élargissant ses rues et en s’embellissant suivant le goût moderne.
Il y a vingt ans à peine, des landes immenses s’étendaient autour de Montmorillon, que traverse la Gartempe ; mais peu à peu la civilisation, qui ne permet à aucun terrain de rester inculte, s’est emparée de ces plaines et a fauché sans souci les bruyères roses et les ajoncs fleuris qui ne rapportaient rien, mais qui donnaient pourtant au pays un aspect sauvage qui n’était pas sans charme.
Quand midi sonna, Lizzie se mit à la porte pour regarder si Jean arrivait ; mais la route était déserte, et la jeune fille rentra dans la maison en se demandant ce qui pouvait bien retarder l’enfant, qui ne méritait pourtant que rarement que le maître d’école