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LA MADONE DE MAILLERAS

« Eh bien, vas-y ce matin seulement, jusqu’à midi, et pendant ce temps je ferai le plus pressé de mon ouvrage. À midi, après ton dîner, tu n’y retourneras pas. Mlle Marie ne doit venir que dans la soirée, et tu seras sûr de la voir. »

Et Lizzie, qui s’était laissée attendrir par les yeux suppliants de son frère, prit l’enfant par la main et sortit pour le conduire pendant une partie du chemin, comme elle faisait tous les matins depuis qu’il allait à l’école.

Lizzie, dont le nom de baptême était Louise, mais qu’on avait surnommée ainsi dans sa famille, était une jeune fille de quatorze à quinze ans. Sa mère était morte, et elle était restée chargée de son petit frère, dont elle s’occupait seule ; car le père, ouvrier habile employé dans une fabrique des environs, y allait dès le matin, et ne rentrait que le soir pour souper avec ses enfants. La jeune fille, qui avait été élevée chrétiennement par sa mère, une sainte et digne femme, était très-raisonnable et bonne femme de ménage ; elle entretenait bien la maison et soignait avec affection son petit frère, pour lequel elle avait une tendresse maternelle.