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LA MADONE DE MAILLERAS

et ses grands yeux bleus exprimaient une malicieuse gaieté, tempérée par je ne sais quoi de doux et d’affectueux. Il avait sept ans ; mais on lui eût facilement donné un an ou deux de plus, tant il était déjà grand et fort. Il s’approchait en souriant de l’enfant maladive, pour laquelle il semblait avoir une grande admiration ; et Marie passait sa main blanche et ses doigts effilés dans les boucles blondes du petit frère de Lizzie.

Marie était chétive, si chétive même, que ses jambes ne pouvaient la soutenir ; elle était petite pour son âge ; ses beaux yeux noirs étaient entourés d’un cercle bleuâtre, et les couleurs rosées qui passaient sur ses joues à la moindre émotion y faisaient bientôt place à une telle pâleur, que les personnes qui la voyaient ne pouvaient retenir parfois des paroles de compassion pour sa mère. Mais, hélas ! sa mère était morte en lui donnant le jour, et la pauvre petite héritière d’une grande fortune était seule, confiée aux soins intelligents de sa grand’mère, madame d’Aimant, qui se faisait vieille déjà, mais qui cherchait à remplacer pour l’orpheline la mère remontée au ciel et le père retenu au loin par son grade de colonel. L’hiver,