Page:Aghassi - Zeïtoun.pdf/304

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lérable à Zeïtoun, nous avons fini par nous décider de sortir, hommes, femmes et enfants, et de tomber, pendant la nuit, à l’improviste, sur les troupes turques par une attaque à l’arme blanche[1] ; nous voulions, par ce coup suprême, mettre l’ennemi en déroute ou bien mourir les armes à la main. Mais, le 5 janvier 1896, un soldat portant un drapeau blanc arriva à Zeïtoun et nous

  1. Voici ce que dit M. le colonel de Vialar, attaché militaire de l’ambassade de France, dans ses notes rapportées de Zeïtoun.

    « Le siège de Zeïtoun dura vingt et un jours, ayant commencé le 14 décembre. On jeta sur la ville 2,780 bombes, dont peu éclatèrent. Aussi les enfants s’amusaient-ils à les ramasser au moment où elles tombaient à terre. Ils couraient les porter chez le forgeron qui en retirait la poudre et fondait le reste pour en faire des balles.

    « On arracha les gouttières des maisons pour le même usage.

    « Les capsules venant à manquer, on y suppléa avec des bouts d’allumettes chimiques, ce qui réussit parfaitement.

    « Les Zeitouniotes qui combattaient étaient environ 1,500, n’ayant que de vieux fusils, à silex, y compris les 400 fusils qu’ils prirent aux soldats de la caserne. Les troupes turques (24 bataillons) comptaient environ 20,000 hommes, ayant de bonnes armes et des munitions en abondance, ajoutez à ce nombre, 30,000 bachi-bozouks, Kurdes, Circassiens, etc.

    « À la fin les Zeïtouniotes, ayant épuisé leurs munitions, préparèrent un plan d’attaque à l’arme blanche.

    « Ce plan consistait à attaquer, de nuit, sur plusieurs points à la fois les 10,000 soldats d’Ali-Bey.

    « Peut-être auraient-ils réussi, malgré l’infériorité du nombre, à mettre les Turcs au déroute ; outre que les Zeïtouniotes considèrent toutes les guerres qu’ils font comme des croisades, ils manient le poignard avec une dextérité incroyable. De plus, ils savaient que, si les troupes ottomanes, étaient entrées, dans la ville, elles n’auraient pas épargné les enfants à la mamelle ; c’est pourquoi ils auraient vendu bien cher leur vie. La médiation des puissances intervint à ce moment. »

    (Le supplément du Livre jaune, 1895-1896, pages 84-85.)