Page:Agnès de Navarre-Champagne - Poésies, 1856.djvu/24

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XVII

quelle nature purent être au fond les rapports de Guillaume et d’Agnès. Le poëte, en cent autres occasions, vante les charmes de la dame, mais d’une manière vague ; comme tous les amants, il prodigue. à ; sa bien-aimée. les hommages dus aux grâces, à l’esprit, à la beauté, comme par exemple dans ce rondeau :

Blanche com lys, plus que rose vermeille, Resplendissant com rubis d’Oriant, En remirant vo biauté non pareille., Blanche com lys, plus que rose vermeille, Suy si ravis que mes cuer tandis veille Afin que serve à loy de fin amant. Blanche com lys, plus que rose vermeille, Resplendissant com rubis d’Oriant.

Nous n’avons même pu savoir si la petite-fille de Thibault était blonde ou brune. Machault, qui fut plusieurs fois amant heureux dans sa vie, a chanté tour à tour la brune et la blonde, et toujours avec discrétion.

Quoi qu’il en soit, Agnès était belle. Guillaume, enivré par son bonheur, demande un rendez-vous dans un verger aux frais et mystérieux ombrages ; Agnès l’accorde, elle y vient seule, - mais le poëte, homme réservé par tempérament et par habitude, y amène son secrétaire. Laissons-le raconter lui-même ce pre- mier entretien sous la verte feuillée :

sur l’erbe vert nous seymes :

Là maintes paroles devines Que je ne veuil pas raconter, Quar trop long serait à compter. Mais sur mon giron s’enclina La belle, qui douceur fine ha : Et, quant elle y fu enclinée, Ma joie fu renouvelée. Et ne sai pas s’elle y dormi, Mais un po somillia sur mi. Mes secrétaires, qui fu là,

Se mist en estant et ala

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