Page:Agnès de Navarre-Champagne - Poésies, 1856.djvu/27

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XX

à reposer si faire se pouvait. L’auteur du Voir DU raconte ainsi comment se passa cette nuit aux palpitants souvenirs :

Lors la sœur n’attendit point ;

Ains se coucha en un des lits

A couverte de fleurs de lis.

Ma dame en l’autre se coucha 3

Et deux fois ou trois me hucha.

Aussi faisoit sa compaignette,

Que avoit à nom Guiliemette :

— « Venez coudrier entre nous deux,

Et ne faites pas le honteux,

Vesci tout à point vostre place. »

Je respondi : — « Ja Dieu ne place

Que je y voise ! Là hors serai,

Et là je vous attendrai

Et vous esveillerai à nonne,

Si tost com j’orrai qu’on la soime. »

Adonc ma dame jura fort

Que je iroie ; et quand vint au fort.,

De li m’aprochai en rusant,

Et tousdis en moi excusant

Que ce à moi n’appartenoit.

Mais par la main si me tenoit,

Qu’elles nie tirèrent à force.

Et lors je criai : « On m’efforce ! v

Mais Dieus sut que de là gésir,

C’estoit mon plus très grant désir…

Li sergens, qui Puis nous ouvri.

De deux mentelles nous couvrir

Et la fenestre cloy toute,

Et puis fuis, si qu’on n’i vit goutte.

Et là ma dame s’endormi, Tendis l’un de ses bras sur mi. Là fui longuement de lès elle Plus simplement qu’une pucelle, Car je n’osoie mot sonner, Li touchier ne araisonner,