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fut conduit en prison, et sur les instances des nobles et des notables du comté, Gaston Pbébus promit de lui laisser la vie.
Enfermé dans la tour d’Orthez, Gaston tomba dans un pro- fond accès de mélancolie. Bientôt il refusa de quitter son lit et de prendre des aliments, « maudissant, dit Froissait, l’heure qu’il fut oncgues né ni engendré pour être venu à telle fin ».
Le dixième jour on prévint son père qu’il se laissait mourir de faim. « Alors, — dit le chroniqueur, —le comte s’enfelonna et sans mot dire il se partit de sa chambre et s’en vint vers la prison où son fils étoit, et tenoit à la maie heure un long petit coutel, dont il appareilloit ses ongles et nettoyoit. Il lit ouvrir l’huis de la prison et vint à son fils et tenoit la lamelle de son coutel par la pointe, et si près de la pointe qu’il n’y en avoit pas hors de ses doigts la longueur d’un gros tournois. Par mautalent en boutant ce tant de pointe en la gorge de son fils, l’assena, ne sais en quelle veine, et lui dit : — « Ha, traitour ! pourquoi ne manges tu point ? » — Et tantost s’en partit le comte sans plus rien dire ne faire et rentra en sa chambre.’L'enfès fut sang mué et effrayé de la venue de son père, avecques ce qu’il étoit foible de jeûner et que il vit ou sentit la pointe du coutel qui le toucha à la gorge, comme petit fut, mais ce fut en une veine ; il se tourna d’autre part et là mourut. »
Ainsi périt ce jeune prince, victime de son amour filial. Le peuple l’aimait et il fut regretté de tous. Son tombeau s’éleva dans l’église des Frères-Mineurs, à Orthez ; Gaston Phébus lui survécut de vingt et un ans, et jusqu’à, la fin de ses jours il pleura son erreur et sa violence. Avec ce jeune prince finissait la branche aînée des comtes de Foix, des anciens comtes de Carcassonne ; avec le malheureux Gaston s’éteignaient tous les calculs ambitieux de son père, les seules espérances de bonheur qui pouvaient encore sourire à la pauvre Agnès »
Qu’elle était loin du rendez-vous dans le verger, du riant pèlerinage à Saint-Denis ! Roses de jeunesse, fleurs de gaieté étaient fanées, flétries, effeuillées à tout jamais pour elle. Rêves d’amour, rêves de bonheur maternel s’étaient évanouis pour toujours. Trahie par son infidèle époux, par lui privée de tout ce qui l’attachait encore à la vie, fugitive, sans asile, si ce n’est chez un frère qu’elle devait haïr, mépriser et craindre, elle avait