Page:Agnès de Navarre-Champagne - Poésies, 1856.djvu/67

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18 —

vu

Amis, dolent, mat et desconfortez,
Partez de moy, et volez que je croie
Que vos cuers m’est tout entiers demourez.
Très bien le croy ; dont je ne vous pourroie

Si biau don guerredonner,
Et vous peusse à fin souhait donner
Quanque désir en ce monde saveure,
En lieu don cuer, amis, qui me demeure.

Car il est vrais, fins, loyaus et secrès,
Franc et gentil : ne dire ne saroie
La riche onneur dont il est couronnez,
Ne le haut bien : si ne say tour ne voye

Comment puisse finer
Dou remenr (18). Mais je me veil pener
Qu’à mon pooir vous conforte et sequeurre
En lieu don cuer, amis, qui vous demeure.

Si vous promes qu’en foy serez amez (19)
Par dessus tout, sans ce que j’en recroie :
Et avec ce mon cuer emporterez
Qui pour vous seul me guerpit et renoie.

Si le veilliez bien garder
Et com ami conjoïr et amer :
Car plus chier don n’ay dont je vous onneure,
En lieu du cuer, amis, qui me demeure.