Page:Agnès de Navarre-Champagne - Poésies, 1856.djvu/82

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CHANSON ROYALE.




Amis, je t’ay tant amé et chiéri (30)
Qu’en toy amant me cuidoie sauver,
Lasse, dolente, et je ne puis en ti,
M’en ton dur cuer nulle douceur trouver
Pour ce de moy veil hors joie bouter
Et renoier amours d’or en avant,
Sa loy, son fait et son faus convenant ;
Quant tu portes son viaire de fée :
Cuer de marbre, couronné d’aymant,
Ourlé de fer, à la pointe acérée.

Quant ta biauté mon cuer en toy ravi,
Amours me volt si fort énamourer
De ton gent corps, coint, appert et joli
Que puis ne pas autre que toy amer.
Or ne me vues oïr ne esgarder.
Si n’ameray jamais en mon vivant,