Page:Agnel, Émile - Curiosités judiciaires et historiques du moyen âge - Procès contre les animaux.djvu/27

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Mais, ajoute notre auteur, nous avons dans ces derniers temps des exemples encore plus décisifs. Il raconte alors qu’il a vu à Autun des sentences d’anathème ou d’excommunication prononcées contre les rats et les limaces par l’official de ce diocèse et par ceux de Lyon et de Mâcon ; il entre dans le détail de cette procédure ; il donne d’abord le modèle de la requête des paroissiens qui ont éprouvé le dommage occasionné par les animaux dévastateurs. Il fait observer que sur cette plainte on nomme d’office un avocat, qui fait valoir au nom des animaux, ses clients, les moyens qu’il croit convenable à leur défense ; l’auteur rapporte la formule ordinaire d’anathème. Cette formule est conçue en ces termes : « Rats, limaces, chenilles et vous tous animaux immondes qui détruisez les récoltes de nos frères, sortez des cantons que vous désolez et réfugiez-vous dans ceux où vous ne pouvez nuire à personne. Au nom du Père, etc.[1]. »

    quantité prodigieuse s’étaient introduites dans cette église, et par leurs bourdonnements et leurs courses indécentes, troublaient et importunaient incessamment les fidèles. Ne voyant d’autre remède pour arrêter ce scandale, le saint s’écria : Je les excommunie (eas excommunico) ; et le lendemain toutes les mouches se trouvèrent frappées de mort. Leurs corps jonchèrent les pavés de la basilique, qui fut pour toujours délivrée de ces irrespectueux insectes. Ce fait devint tellement célèbre et inspira tant de vénération dans tous les pays circonvoisins, que cette malédiction des mouches passa en proverbe parmi les peuples d’alentour. (Theophili Regnaudi opera, t. XIV, p. 482, no 6, De monitoris ecclesiasticis et timore excommunicationis.)

  1. Adjuro vos limaces, et vermes, et omnia animalia immunda, alimente hominum dissipantia et corrodentia hoc in tenitorio et parochianatu existentia, ut a dicto territorio et parochianatu, et tota parochia dissedatis, et ad loca, in quibus nullis nocere possitis, accedatis, in nomine Patris, et Filii et Spiritus sancti, Amen. (Folio 17, verso n o 124.).