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Page:Agnel, Émile - Curiosités judiciaires et historiques du moyen âge - Procès contre les animaux.djvu/28

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Enfin Chasseneuz transcrit textuellement[1] les sentences fulminées par les officiaux d’Autun et de Lyon ; on en remarque contre les rats, les souris, les limaces, les vers, etc.

Ces sentences sont presque toutes semblables ; la différence qui existe entre elles n’est relative qu’au délai accordé aux animaux pour déguerpir ; il y en a qui les condamnent à partir de suite ; d’autres leur accordent trois heures, trois jours ou plus ; toutes sont suivies des formules ordinaires d’anathème et d’excommunication.

Tel était le mode de procédure observé devant le tribunal ecclésiastique dans les poursuites contre les insectes ou autres animaux nuisibles à la terre.

La consultation de Chasseneuz, dont nous venons de donner une courte analyse, acquit à son auteur, qui n’était alors qu’avocat à Autun, une grande réputation comme jurisconsulte ; elle lui valut, vers 1510, d’être désigné par l’officialité d’Autun, comme avocat des rats et de plaider leur cause dans les procès qu’on intenta à ces animaux par suite des dévastations qu’ils avaient commises en dévorant les blés d’une partie du territoire bourguignon.

Dans la défense qu’il présenta, dit le président de Thou, qui rapporte ce fait[2], Chasseneuz fit sentir

  1. Folio 17, verso, no 125 et suivants.
  2. Historiarum, lib. IV, ann. 1550. Contrairement au témoignage de ce grave historien, on a prétendu que ce n’était point Chasseneuz qui avait été désigné à cette époque par l’officialité d’Autun pour plaider en faveur des rats. Toutefois ce point de controverse historique nous semble indifférent dans la circonstance qui nous occupe. Peu importe en effet que ce soit Chasseneuz ou tout autre